Vanity Fair
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Comment mener son monde en bateau ? ui, comment mener son monde en bateau ? En montant dessus pardi ! Vous en avez de bonnes, franchement. Il faut vraiment tout vous dire, en mettant les points sur les « zi ». Depuis Noé, on en rêve tous. Le seul fait de mettre un pied sur le pont d’un ferry et vous voilà Capitaine Haddock du jour. Mieux que Montebourg et Gaultier, vous êtes né en marinière. Vous avez vu tous les lms qui se passent sur un bateau, de Plein Soleil à Calme Blanc en ramant vers l’Aventure du Poseïdon ou Exodus et vous n’avez toujours pas compris pourquoi La Nave Va ça otte pas. Votre livre de chevet ? Trois Hommes dans un Bateau, écrit par l’insubmersible Jerome K. Jerome. Votre disco-anthem ? Rock the Boat, suivi par Le Manureva de Chamfort que vous connaissez par cœur. Pas une fête costumée sans que vous ressortiez votre thème-marotte : La croisière s’amuse. En VO : Love Boat. Bref, vous bassinez tout le monde et cette rubrique ne s’adresse pas à vous. Il ne manquerait plus ça, d’ailleurs. Oui, parce que c’est bien beau ohé, du bateau ! Mais il faut savoir que vous êtes afigé d’une tare qu’aucun lave-pont ne saurait lessiver : vous avez le mal de mer. Même sur le lac de Genève. Un frisson sur une aque et c’est burpy raoul dans le caniveau. Pas sortable ni embarquable. Raus ! Aux requins ! C’est en ignorant parfaitement cette tranche d’humanité en détresse que le Concierge du jour prend le large. Et en se faisant fort de choisir des typologies de bateau singulières qui obligent à un tropisme nautique bien ciblé, sinon décalé. La Seine, par exemple. Et à Paris, qui plus est. Rien d’exaltant à priori surtout si c’est pour ressembler à ces hordes de touristes ottant sur les bateaux-mouches baptisés aux noms d’actrices qui sont passées depuis un bail sous la ligne de ottaison. Sans oublier les commentaires à la noix en 29 langues ou ceux enregistrés en 1973 avec des anecdotes qui prenaient déjà l’eau avant la guerre. Seine Avenue Voie uviale traversant Paris sur 13 kilomètres, enjambée par 37 ponts, la Seine chantée par Montand et par M avec Vanessa Paradis peut se pratiquer sur le mode croisière intime en sautant à bord du Murano, superbe motoscafo vénitien en acajou et chêne vernissé « importé Taxi Boat Luca » de la Lagune par Philippe Fournié, architecte passionné par les bateaux et qui annonce l’arà Varenna, rivée imminente d’un second vaisseau. Pas plus de six passagers pour 690 euros, champagne lac de Côme Moët & Chandon Brut Impérial (ou autre, sur demande), itinéraire est/ouest à la carte et prix majoré à 850 euros en cas de départ après 22 heures pour un cabotage nocturne. Temps de la balade au l de l’eau : une heure et demie. Basé au Quai de la Rapée, le Murano récupère et dépose ses hôtes à l’embarcadère Batobus du Quai Malaquais. On va dire maintenant que vous villégiaturez à Varenna, en bordure du Lac de Côme. Vous avez snobé la Villa d’Este (pas difcile), le Grand Hotel Serbelloni, et la résidence achetée par Richard Branson louée 2000 euros par jour. La villa de Donatella Versace étant encore en travaux, et celle de Clooney vous étant interdite depuis que vous avez tenté de saboter son Harley en graissant la chaîne avec du Nutella, vous avez pris chambre à l’Hôtel du Lac où l’on sert d’excellents martinis en terrasse. De là, à quelques encâblures, sur le ponton surplombé par l’élégante villa jaune de Romeo Sozzi, Luca amarre son taxi-boat, superbe motoscafo lacustre disponible pour des allers-retours urgents d’une rive à l’autre, des tours béats à se pâmer devant les villes historiques cernées de jardins taillés au coupe-ongles, un apéritif à bord avant de piquer une tête dans les eaux mystérieuses du lac à la recherche du trésor de Mussolini, voire de ménager une arrivée toujours prisée par le lac à une réception, un concert ou un mariage. Jusqu’à 18 personnes, mais le n du n est d’y être tout seul en y mettant le prix. Si vous avez peur en bateau, il reste l’hydravion pour épater son monde. Changement de cap, Ferret, pour Dubourdieu être précis ou, mieux : le Pyla. Une Port de Larros barque s’impose dans le décor : la à Gujan-Mestras pinasse. Bateau léger à fond plat en bois de pin - d’où son nom, traditionnellement utilisé par les pêcheurs du littoral - la pinasse est l’embarcation identitaire du bassin d’Arcachon. Les plus belles sont celles, neuves ou restaurées, qui sortent des ateliers Dubourdieu, sur le port de Larros à Gujan Mestras, la capitale de l’huître. Fondé en 1800, le plus ancien chantier naval du genre en activité en France a été repris voilà quelques années par les sympathiques Emmanuel et Béatrice Martin, qui louent aussi de splendides pinasses traditionnelles longues de 10,10 mètres, prévues pour 12 passagers, mais aussi une pinasse de mer longue de 13 mètres et pouvant embarquer jusqu’à 16 personnes. Demi-journées (4 heures) ou journées entières (8 heures) : la location vogue de 800 à 1700 euros selon le type de pinasse, tarif incluant marin et carburant. En revanche, pour les prestations repas avec argenterie, cristaux, caviar d’Aquitaine, champagne et cannelés, ce sera à la carte et en sus. Nouveau : le White Ocean tout blanc tout transparent, armé par Dubourdieu et par la maison Courrèges, désormais aux mains de Jacques Bungert et Frédéric Tortoling, est dédié à la seule location pour des virées plus océaniques. Grisant. Quoi de mieux qu’une île pour faire du bateau ? Ou tourner autour. La Corse est ici l’idéal absolu. Voilà peu, à Ajaccio, la charmante Nathalie Santarelli, haute gure du nautisme de luxe insulaire et méditerranéen, a inscrit à son fastueux catalogue de yachts à louer un glamoureux Chris Craft Corsair 32 Heritage, modèle 2014, baptisé Ever, et rêvé pour s’offrir une balade en mer en se prenant pour Bruce Willis dans Striking Distance. Loué 1400 euros la journée pour 6 personnes avec un jeune skipper prénommé Jules et, à bord, ce Chris Ever (c’est un raccourci) afche des prestations à la cartes à boire et à manger, depuis les boissons fraîches jusqu’aux paniers pique-nique préparés par un traiteur doué et arrosés de vins et de champa- Santarelli Marine - Port Charles Ornano à Ajaccio gnes provenant de l’excellente maison ajaccienne Le Chemin des Vignobles, élu deux fois meilleur caviste de France - oui, la Corse est en France. Au programme : journée de golf à Murtoli + déjeuner sur place avec accès par la mer de rigueur. Sinon, collecte et dépose des clients à l’hôtel ou à la villa, et en prime, croisière « coucher-de-soleil » en direction des Sanguinaires avec bain de mer dans l’eau dorée à la clé : 850 euros les 2 heures, incluant carburant, skipper et champagne... Et là, personne, mais alors personne n’est mené en bateau, bande de bachi-bouzouks !